samedi 5 juillet 2008

J. David

La pin-up française (de la grande époque...) est un domaine qui reste encore largement à découvrir. En dehors d'Aslan, peu de grands noms.
Il y a pourtant une multitude de dessinateurs qui mériteraient qu'on leur consacre un ouvrage bien documenté et richement illustré, à commencer par J.David. Ses dessins ont illustré des centaines de revues d'après-guerre dont la fameuse revue V dont je tire ici quelques-unes de ses plus belles réussites. Femmes lascives ou téméraires, perchées sur des talons à la Bill Ward, coquines et affriolantes, un festival de cuisses, de fesses et de jolis visages... Open your eyes!



Sources:
- Jean Monfisse. Les espions travaillent le dimanche. Ed. Les Editions du Monde, coll "Insomnie" n°2 (non daté)
- revue Paris Paris n°1, août 1951.
- revue V49, supplément au numéro 246 de V Magazine.

jeudi 3 juillet 2008

Jack Ray. Sergil chez les filles (Une corona Claudine?)

Jack Ray. Sergil chez les filles. Ed. Corona, 1954.

Connaissez-vous Jack Ray, enfin Jacques Rey (un peu moins sexy)? Le scénariste du film Sergil chez les filles (avec Paul Meurisse et Claudine Dupuis), adapté du livre éponyme que voici? J’avoue qu’avant de lire le livre, je m’en tamponnais complet de Jack Ray, et que c’est encore le cas après. Encore un polar à moitié (j'suis sympa) raté, dont l’adaptation cinématographique n’a même pas, semble-t-il, séduit René Château pour une sortie en VHS ou DVD. Aux oubliettes… Et bien non! vous saurez tout sur ce bouquin, que vous le vouliez ou non !
Comme souvent, c’est la couverture super chiadée et mauvais genre à souhait qui m’a accroché l’œil. Non signée hélas, connaisseurs, manifestez-vous…
Le bouquin donc… C’est plutôt correctement écrit, enfin pas de fulgurances stylistiques et une nette tendance à la répétition d’expressions du genre « pris comme un rat dans une ratière » (au moins 3 occurences…)
L’action se déroule à Marseille après-guerre, après la fermeture des maisons closes. Tout commence dans un bordel clandestin justement, tenu par Mme Irène et Fernand. Une petite dizaine de filles s’occupent des clients, quelques gros commerçants et hommes politiques locaux… Rien que de bien banal jusqu’à ce que Marinette, la vieille servante, se fasse assassiner à coups de barre de fer dans le crâne. C’est une affaire pour Sergil ça !
Voilà donc le beau Sergil, amoureux de l’action et de la chasse à l’homme, tombeur de ces dames, en personne. Ca va chier dans les chaudières ! Il n’aura de cesse de débrouiller les fausses pistes, de visiter de jolies pépées pour essayer d’en savoir un peu plus. De vilains bougres viendront s’interposer et salir sa jolie veste… « L’inspecteur fit une moue en considérant les gouttes de sang qui tâchaient son veston. D’une pichenette, il fit sauter un débris de cervelle sur son revers, puis il vint vers la table, récupéra son portefeuille, son étui à cigarettes, et avant toute chose, il alluma une gauloise ». La classe suprême quoi…
Je vous passe les détails de l’intrigue, qui en comporte une sacrée foultitude, les personnages aux noms savoureux comme Gougeon (un flic, vous l’aurez deviné), Bouche-en-cœur (une prostituée, vous l’aurez deviné) ou Martin-Les-Trois-Doigts (un malfrat ? non, vous croyez ?). Il y a aussi la bande à Mario, la bande à Gaston, un collectionneur de capsules qui en a de très rares ou encore le mystérieux Bob-Le-Fada qui devient, quelques 100 pages plus loin, Jo-Le-Fada… heureusement que certains lecteurs prennent des notes !
En soi, l’intrigue, on s’en fout. Ce qu’il faut sauver de ce livre est son caractère oulipien. Visiblement imbibé(e) de pastis, l’énergumène qui a tapé le texte a oublié la moitié des lettres ou les a tapées dans un ordre assez aléatoire, produisant ainsi une avalanche de coquilles toutes plus belles les unes que les autres : « trois minutes plus atrd », « sans s’inquiéter de la cirrulation » (inquiète toi de ta cirrhose plutôt !), « au nmuéro 12 », etc. Le climax de cette folie linguistique se situe aux alentours des pages 160-162, en pleine course poursuite, comme si la dactylo ivre et prise dans l’action, ne contrôlait plus sa frappe, laissant derrière elle autant de coquilles que de verres vides. « Il suait, lui aussi, l’assassin, car la per l’envahissait. » (admirez, outre la coquille au pastis, l’admirable construction de cette phrase)… Page suivante : « Il n’avait plus qu’une solution, mettre ne balle dans le pare-brise de l’atre voiture, et l’arrêter par tous les moyens ». Allez tape Claudine, on s’en fout que t’aies les doigts en forme de cuillère, faut me finir ce livre pour ce soir ! Je suis même allé jusqu’à me demander si toutes ces lettres oubliées ne finiraient pas par composer le nom du tueur, mais là je crois que je mets trop d’espoir et de rêve dans cette saleté de littérature populaire, que j’adore.

mercredi 2 juillet 2008

New link: Anonymous works

Nouveau lien dans mes favoris, découvert grâce à outrepart! Joey présente quelques rares photos étranges, fantastiques, oeuvres d'art anonymes, glânées sur quelques sites de vente pour la plupart. Un peu l'équivalent de mon autre blog mais avec des photographies, des sculptures ou d'autres objets invitant à la rêverie. Bravo Joey pour cette ouverture sur des mondes parallèles!

Visit Anonymous works!

mardi 1 juillet 2008

Wolf Eyes cover art

Si vous n'aimez pas leur musique, vous aimerez peut-être leurs pochettes, moi j'aime tout.

Vivat Vamp "De Mae West à Brigitte Bardot"

Joli petit livre du tout début des années 1960 présentant des photos d'actrices assez affriolantes et des dessins de Paul Flora. Il s'agit ici de l'édition publiée par Les Editions du temps, mais il en existe aussi une éditée par Pauvert.



George Slegan. Duels avec la mort (ed. C.P.E)


George Slegan. Duels avec la mort (ed. CPE, non daté)

Un post spécial espionnage sur Muller-Fokker Pulpbot Effect me fit prendre conscience d’une immense lacune dans ma culture littéraire… Je n’avais jamais lu un roman d’espionnage en entier. Voilà chose faite après une dose de motivation, et une mégadose de courage pour terminer ce machin.
Autant le dire tout de suite, ce livre est une catastrophe, ce George Slegan un tâcheron sans talent. Les éditions C.P.E., que j’affectionne particulièrement pour leurs couvertures sexy m’ont rétamé sur ce coup-là. En 238 pages, pas une scène sexy, un peu d’action à la fin… quant au reste…
Pour la forme, et pour me servir d’aide-mémoire, je résume le bousier vite-fait :

Viveca Fulton est une femme magnifique. Son mystérieux patron lui confie une mission, se présenter pour une annonce recherchant une femme sublime pour un voyage dans un pays de l’Est afin de jouer le rôle d’une dame de la haute. Déjà c’est crédible à mort… Elle est prise… Elle accepte un contrat de 2 ans, et se rend donc en… Boranie (une enclave perdue que doit bien connaître Borat). Durant le trajet, elle rencontre Gregory Stern, chargé de la protéger, ce qu’il fait en tuant un type qui lui paraissait louche, hop, ni vu ni connu par la porte du train en marche. On dira qu’il était bourré et qu’il voulait aller pisser…
Arrivée en Boranie, Viveca découvre qu’elle est censée remplacer la Grande Duchesse Marina, kidnappée par son propre mari le Grand Duc Serge-Michaël (que nous appelerons SM par facilité mnémotechnique). Ca tombe bien, elle est son portrait tout craché ! Le salopard de SM, aidé par son conseiller Piotre (« Piotr » qui prend un « e » final dès la deuxième mention) Raskine, a éclipsé sa femme pour lui voler le pouvoir et préparer le terrain de Nicolas Sarkozy. Vous ne comprenez rien ? SM, fier de son nouveau pouvoir, instaura aussitôt « la loi des 66 heures », afin que ces braves Boraniens travaillent plus pour gagner plus. C’est con, au lieu de se réjouir, ils manifestent... Et puis leur duchesse a disparu, c’est louche ça…
La pauvre Viveca est donc bien dans la merde. Elle doit faire la potiche et remplacer la duchesse des duchesses. Sauf qu’elle comprend peu à peu sa mission. Avec l’aide du beau Grégory (rencontré dans le train) dont elle tombe amoureuse (sans dé-con-ner) et d’un français dépêché sur place, elle doit retrouver la duchesse captive et la remettre sur son trône. Tel est le souhait des services secrets anglais pour qui elle travaille !! Bah, elle va y arriver, voilà.

Citations :
« Nous avons ainsi trois crimes sur la conscience… mais nous ne croyons guère à la vie éternelle, pauvres de nous !… et nous demeurons de tout petits garçons à côté d’Hitler ! Il était notre grand maître à tous ! » (SM faisant le grand méchant à la page 175)

« Le dénommé Yosef, sorte d’armoire normande privée de cerveau mais douée de deux battoirs et d’une gueule de cauchemar, se pencha sur le corps qu’il mit debout d’une seule main. De l’autre, il ajusta un direct à assommer un bœuf. Leduc, soulevé de terre, alla s’abattre à trois mètres. Le brave Yosef découvrit ses dents pourries en un large sourire satisfait » (un personnage secondaire savoureux, p.185)

« - Quelle horreur ! Chéri… Dire que notre métier nous y force parfois [à tuer sauvagement d’une balle en pleine tête faisant jaillir la cervelle de l'ennemi] ! Quand cela s’arrêtera-t-il ?
Il caressa la chevelure de Viveca, regarda la bonne tête de Leduc…
- Quand il n’y aura plus un seul nazi sur la planète, dit-il. »
(le plus beau et bouleversant dialogue de toute la littérature… et du cinéma compris, p.211)

lundi 30 juin 2008

Monkey see Monkey do


Suite à un joli post du 27 juin 2008 à base de gorilles énervés sur le blog Undead film critic, une pièce de plus dans la collection, tirée de la revue Enquêtes. Il a l'air FEROCE !

dimanche 29 juin 2008

Jehan Sylvius !

Jehan Sylvius. Messes noires (Editions de Lutèce, 1929, couv. de Matutano)

Encore un livre bien mystérieux ! Ce n’est pas sur le net que l’on trouvera des informations en tout cas… Qui est donc Jehan Sylvius ? La question se pose souvent au sujet d’un autre livre dont il est le co-auteur avec Pierre de Ruynes, La Papesse du Diable (réédité par… Eric Losfeld puis par Ombres plus récemment). Pour certains, il s’agit de Robert Desnos, Pierre de Ruynes étant quant à lui Ernest de Gengenbach (ou Genbach). Pour d’autres, Jehan Sylvius serait un poète oublié du nom de Pierre Renaud (cité dans ce livre p.119). Mais le mystère demeure !
Je garde un souvenir très mitigé de La Papesse du Diable. Ce livre-ci, au contraire, m’a beaucoup plus intéressé. Se présentant tout d’abord comme une immersion dans les milieux satanistes et lucifériens sans aucune prise de position (un peu à la Ange Bastiani-Maurice Raphaël dans les milieux interlopes), l’ouvrage vire de bord vers un fatras occultiste où tout se mélange (sabbat, messe noire, envoutement et même vampirisme… le narrateur de ces « choses vues » est même violé par deux succubes), puis vers un texte racoleur décrivant par le menu les pratiques sexuelles de bien étranges rituels, pour finir par un chapitre complètement déjanté voulant prouver au monde que le retour d’Isis* Trismégiste est imminent, très attendu du moins… au point que le narrateur l’implore de toute son âme dans une déclamation incantatoire du plus bel effet. Je crois qu’on entre encore ici dans la folie littéraire la plus pure. Si je devais avancer une hypothèse sur l’identité de l’auteur, je pencherais volontiers pour Gengenbach. Ce dernier est d’ailleurs cité à deux reprises dans le livre, et ses ouvrages sont évoqués comme des références. L’auteur, Desnos, Gengenbach, Pierre Renaud ou qui que ce soit d’autre, possède, quoi qu’il en soit, une connaissance approfondie de l’occultisme (ou de très bons dictionnaires à portée de main). Les citations et les références abondent, littéraires (Huysmans, Rachilde, Verlaine etc.) ou occultes (Pic de la Mirandole, Eliphas Levi, Papus etc.) Le surréalisme fait une courte apparition en la personne d’Aragon, cité pour un article dans la Révolution Surréaliste, ce qui me pousse à penser que Gengenbach n’est pas loin. Quant à Desnos, j’ai tout simplement du mal à l’imaginer derrière tout ça, mais pourquoi pas… Je n’apporterai pas ici la clé d’une énigme qui mérite presque de le rester tant le mystère est inquiétant. Et vive Satan ! Qu’il nous en bouche un coin !

Quelques citations :
« Soudain, Satan s’immobilisa et, retirant lentement son trench-coat, il apparut nu, grandi démesurément sous la pleine lune qui éclairait la scène de blêmes lueurs, le bras gauche levé, l’index tendu, et en tenant de la main droite son phallus dressé, gigantesque et rosé au bout […] Toutes lui baisaient d’abord les pieds et remontant, frôlant de leurs lèvres ses jambes, elles arrivaient jusqu'au sexe. Les unes le baisaient longuement et passionnément, ravies d’extase ; les autres le mettaient tout entier dans leurs bouches (sic) et l’aspirait (re-sic) goulûment » (p.95)

« Nous t’attendons, ô Isis Trismégiste, première Emanée de l’Ineffable Absolu !
En communion spirituelle avec les Initiateurs venus de l’Atlantide pour nous transmettre la Tradition Rouge,
Avec nos Maîtres, les Mages et les Hiérophantes des Sanctuaires de Thèbes, de Memphis et de Babylone,
[…]
Et puissions-nous un jour, par Ta Grâce et Ton Amour, être affranchis de l’esclavage du Démiurge, et réintégrés avec les Eons dans le sein du Divin Plérome. Amen !
FIN. »
(p201-202)


* Vous apprendrez ici, bande de béotiens, que Paris vient du nom de ses habitants Parisis, de Par-Isis, autrement dit les adorateurs d’Isis, puisqu’après les rives du Nil, bien entendu, c’est sur les bords de Seine que vécurent les plus grands adorateurs de cette déesse égyptienne… On ne rit pas, il y a foule de sites qui défendent ces absurdités, et que l’Ile de la Cité avait la même forme que la barque d’Isis et qu’un temple secret dédié à la déesse est caché sous Notre-Dame etc, etc.

Jean Shrimpton